Tout a commencé en août 2020. Après 4 mois d’enfermement à tourner en rond et devenir folle (je suis du genre hyperactive), je repense aux 90% d’animaux d’élevage qui subissent ce schéma toute leur vie, je me remémore ma période végétarienne que j’avais entrepris en 2016 et que j’avais plus ou moins abandonnée pendant la grossesse. A l’époque, affaiblie et soumise aux fluctuations hormonales, à la fatigue, à essayer de trouver mes repères dans cette nouvelle vie de maman, j’avais mis mes idéaux de côté. Aussi je n’arrivais plus à faire face à la pression de mon entourage qui me faisait culpabiliser de ne pas consommer de viande ou de poisson en tant que mère.
Tout cette période maternité + covid a été si pesante qu’en été lorsque mon amie Marine me propose de partir 4 jours faire un stage de yoga + atelier cuisine végétale dans l’arrière-pays niçois j’accepte immédiatement. Il me fallait une bouffée d’air frais, décompresser à tout prix et me reconnecter à mes valeurs.
Ce fut 4 jours intenses où je rencontre Marie et Adrien, un couple installé sur 4 hectares de terrain dans un lieu dénommé CHIVAL à Villars sur Var.
Le couple a retapé une somptueuse bergerie pour nous loger et organiser les ateliers cuisine. Eux vivent avec leur petite Gaïa de 2 ans dans une géode construite par Adrien à quelques pas de la bergerie.
Le lieu est magnifique, entouré de verdure, de forêt, de montagnes, il y a le potager en permaculture, des chevaux et une poule qui étaient destinés à l’abattoir et que Marie et Adrien ont recueilli in extremis.
Les cours de yoga se déroulent en pleine nature, s’il pleut on se réfugie dans une salle magnifique toute en pierre de la bergerie. Les toilettes sont des toilettes sèches et je découvre les joies du « popo » en pleine nature dans des toilettes sans porte hyper confortables avec vue imprenable sur la montagne, une sensation incroyable et inattendue de liberté:)
Tout au long des 4 jours Yoga le matin et l’après-midi et entre les séances, atelier cuisine végétale en collectif (nous somme une 10aine) avec Marie qui nous fait découvrir les délices et les bienfaits de cette alimentation.
A aucun moment durant ces 4 jours il n’est vraiment question de la cause animale. Adrien est peu présent, il s’occupe de la petite Gaïa et de l’intendance du lieu.
Le dernier soir il nous rejoint et nous propose de visualiser ensemble un documentaire alors qu’il pleut averse ; il nous diffuse « le discours le plus important de votre vie de Gary Yourofsky ».
C’est à la fois un choc et une révélation ! Je suis hypnotisée par les images, je suis horrifiée par ce que je découvre quant aux conditions de vie que l’homme inflige aux animaux d’élevage. Je découvre le pourquoi du comment on en est arrivé là, à faire autant souffrir des êtres innocents et sentients qui ne demandent qu’à vivre et surtout je comprends qu’il est possible et absolument crucial de stopper tout ça.
Il n’y a pas d’autre choix, la façon dont je m’étais alimentée pendant ces 4 jours, qui plus est gourmande et savoureuse devait devenir mon quotidien. Je ne pouvais continuer à vivre et manger comme si de rien n’était, comme si mon plaisir était la priorité, comme si je n’avais pas ma part de responsabilité dans tout cette souffrance. Je ne pouvais plus participer à ce massacre.
Je suis revenue de ce stage non seulement ressourcée mais avec en tête la grande décision que désormais je serais végane et que rien ni personne ne pouvait plus rien changer à cette décision. Hors de question de me laisser diriger par mon estomac et par la société de consommation. La souffrance endurée par les animaux n’est pas justifiable.
Après cette diffusion je discute avec Adrien. Il me parle de ses actions militantes pour Anonymous for the Voiceless. De base je suis assez réfractaire au militantisme que je considère comme agressif et extrémiste. Mais ce qui me plaît dans AV c’est le concept pacifiste des actions.
Par ailleurs ayant appris à travers mes lectures que pour faire évoluer le monde ne serait-ce que de quelques millimètres, il faut des extrémistes. Ce terme ayant une connotation péjorative, je préfère parler d’utopistes : « L’utopie invite au changement en posant les bonnes questions. Parmi nos ancêtres, il y avait des rêveurs grâce à qui nous vivons une époque merveilleuse » tiré du livre : Utopie réaliste de Rutger Bregman.
Dès mon retour à Marseille je décide de me rapprocher de l’antenne de Aix-Marseille pour savoir comment se déroulent les opérations et en septembre 2020 je fais mon premier cube de vérité.
Ce que nous faisons lors d’un cube de vérité :
Anonymous for the Voiceless est une organisation internationale de rue née en 2016 à Melbourne en Australie qui a pour but de défendre le droit des animaux.
AV sensibilise le public dans la rue de façon pacifique en dénonçant toutes les formes d’exploitation animale.
Les cubes de vérité ont lieu à peu près une fois par mois dans de nombreuses villes du monde.
Chaque cube est composé de deux équipes, une équipe cube et une de sensibilisation.
Les « cubeurs »
L’équipe « cube » est l’équipe non interactive du cube de vérité. Les membre du cube portent un masque Anonymous hautement reconnaissable.
Chaque personne du cube tient soit une pancarte avec écrit VERITE soit un écran diffusant des images puissantes de l’exploitation animale.
Les bénévoles du cube restent silencieux et statiques pendant toute la durée du cube (environ 3 heures) ce qui offre une œuvre d’art convaincante et accrocheuse. Le public ainsi interpellé pacifiquement s’approche pour comprendre de quoi il s’agit.
Les sensibilisateurs
L’équipe de sensibilisation interagit avec les spectateurs intéressés par les images qu’ils regardent ; les images et la sensibilisation éveillent les esprits des personnes sur ce dont ils sont responsables lorsqu’ils consomment quoi que ce soit d’animal.
Des deux côtés du cube, toutes les personnes impliquées sont puissantes.
Être dans le cube, porter un masque et observer la réaction des passants procure une grande importance émotionnelle tout comme participer à la sensibilisation.
Cette action est simple et efficace et réussit à convaincre des milliers de personnes qu’il faut prendre la cause animale au sérieux.
Je suis ravie d’apporter ma pierre à l’édifice en y participant chaque mois et je vois malgré les réticences encore trop présentes que de plus en plus de personnes ne sont pas indifférentes au sort des animaux, que la souffrance animale n’est pas acceptable et qu’ils peuvent agir puissamment dans leur assiette pour qu’elle cesse.
La plupart des gens ne savent pas simplement comment faire pour modifier leurs habitudes, repenser leur façon de se nourrir sans se prendre la tête, sans se ruiner et en ayant tous les apports nutritionnels pour leur organisme. Pour ça AV leur donne les outils notamment le veggie-challenge de L 214, qui permet de recevoir conseils, recettes et infos par mail durant 21 jours, le temps nécessaire pour se défaire d’une habitude selon la théorie du Dr Maxwell Maltz.
Je poursuivrai mes actions avec AV car je trouve leurs actions primordiales. Mais c’est aussi parce que l’importance de ce combat qui a pris une énorme place en moi, que je voulais agir au-delà de mon militantisme mensuel et que je me suis lancée dans l’aventure des alternatives végétales au fromage. Il me fallait travailler au quotidien pour la cause animale,
Le fromage est un l’aliment qui est pour 96% des Français le plus difficile à lâcher. Cet aliment procure un grand plaisir gustatif et malheureusement son impact sur les animaux d’élevage n’apparaît pas aussi évidement que celui de la viande. Par ailleurs il est présenté comme le symbole de la culture française, et limite comme un bienfaiteur pour l’organisme.
Mais qu’en est-il réellement ? Et comment s’en défaire sans se sentir frustré au point de renoncer à ses engagements envers les animaux ?
Bon nombre de personnes restent au stade du végétarisme à cause du fromage dont l’addiction aussi forte que la drogue, l’alcool ou la cigarette a été démontrée par une étude de l’université du Michigan en 2015.
Je souhaitais apporter une solution irréfutable pour que les personnes ayant déjà amorcé une modification de leur alimentation par éthique, n’est plus qu’un simple pas à franchir et se retrouvent enfin totalement en phase avec leurs valeurs.
C’est de là qu’a démarré le projet From’ Of Mars en février 2021.